Perdre du temps au démarrage


Crainte / Cliché par rapport à la coopération

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Maëlle est arrivée il y a un mois dans une nouvelle ville pour commencer un nouveau travail. Elle adore son nouveau travail, qui lui prend beaucoup de temps, mais elle trouve qu'elle passe beaucoup trop de temps derrière son ordinateur. Elle n'a plus l'habitude de passer autant de temps immobile, il y a deux mois, elle était encore en train de voyager et de découvrir l'Europe en train.
Il y a trois semaines, en discutant autour de la machine a café, une de ses collègues lui a parlé du projet de café associatif qui était en train de se monter en centre ville : une réunion de présentation du projet avait lieu le soir même !

Elle s'y était donc rendue, avait pu rencontrer les porteurs de projet et plein d'autres personnes intéressés. Convaincue, elle avait donc décidé d'y consacrer une soirée par semaine ! Elle aurait adoré pouvoir se libérer plus de temps, mais avec la découverte de son nouveau travail, elle a un peu tendance à faire des horaires pas possibles. Surtout qu'en plus Maëlle doit encore finir d'aménager son nouvel appartement...

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Aujourd'hui, elle sort d'une longue journée de travail, c'est la troisième fois qu'elle se rend au rendez-vous hebdomadaire du café associatif. La vague impression de perdre son temps qu'elle avait ressentie la semaine dernière se confirme à l'annonce de l'ordre du jour de la réunion. Encore les mêmes sujets... Encore du travail sur la gouvernance, sur comment est-ce qu'ils vont s'organiser, sur le nom du projet... Elle a le sentiment d'aborder encore et toujours les mêmes choses, d'entendre toujours les mêmes débats, avec peut-être, de temps en temps une petite variation dans le ton de l'un.e des participant.e.s.
Ah, elle tend l'oreille, il semblerait que l'on se soit enfin décidé pour trouver le nom du projet ! ! C'est qu'elle a tendance à être mauvaise langue....

Elle sort de la réunion, la tête pleine à craquer de toutes ces discussions, iels ont enfin réussi à définir des prochaines étapes concrètes pour le projet. Mais ce fut long et pénible, à chaque fois que l'une des personnes présentes proposait quelque chose, il y avait toujours quelqu'un pour surenchérir, ou vouloir ajouter une précision, ou faire le rabat-joie en pointant du doigt les points faibles. Tout ce beau monde est enfin d'accord et la semaine prochaine, c'est bon ils commencent à aménager le local, enfin quelque chose de pratique et concret qui correspond à ce qu'elle était venu chercher dans ce projet.

S'il est vrai que c'est parfois plus long de définir les contours d'un projet de manière collaborative. Cela peut permettre aussi de donner envie aux membres du projet de plus s'y impliquer, et de gagner du temps par la suite car la base du projet est solide et ne risque pas de s'écrouler.... C'est ce que nous allons voir dans la suite de l'histoire
Lorsque dans un projet, on est dans une phase d'émergence, de génération de nouvelles idées, il est parfois normal d'avoir la sensation de tourner en rond, cela fait partie du processus créatif
Certaines méthodes d'animation peuvent nous aider à s'assurer que l'on avance sur un sujet. C'est par exemple le rôle du pousse décision.
Quand on reste bloqué sur un sujet, c'est souvent qu'il y a un point de blocage, quelque chose à résoudre et qu'il faut verbaliser pour être certain que le problème ne ressurgisse pas plus tard.
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La semaine d'après, elle arrive au nouveau local et tout de suite les équipes se mettent en place.
Comme ils en ont discuté auparavant, tout le monde a une tâche qui lui plaît, c'est chouette ça lui change du travail où c'est leurs managers qui décident tout - sans même tenir compte des compétences de chacun.e. Ici, toutes les équipes sont composées de personnes qui savent faire ou de personnes désireuses d'apprendre et curieuses. Ca change tout ! Au global les équipes avancent plus vite, dans la joie et la bonne humeur. Comme iels ont pris le temps de se connaitre dans les précédentes réunions, les blagues fusent de partout, chacun trouve sa place et petit à petit la réserve se remplit d'étagères, des meubles sortent des piles de bois, la vitrine se couvre de décorations...

Il y a bien un moment, où elle a cru que tout allait basculer. Elle a entendu le ton monter entre Andrea et Sasha, qui travaillaient dans la réserve. Les autres étaient en train de prendre une pause dehors, et elle a été voir ce qui se passait. En entrant dans la réserve et en entendant que le ton montait encore, elle a commencé à paniquer - Maëlle déteste le conflit depuis qu'elle est toute petite. Alors qu'elle regardait autour d'elle à la recherche de quelqu'un ou d'une idée, son regard tombé sur les règles de leur groupe. Iels avaient passé tant de temps ces dernières semaines à s'accorder sur la question, puis les avaient affiché ici pour s'en rappeler et les réviser régulièrement. Et là illumination, elle savait comment gérer la situation, iels en avaient discuté longuement la toute première fois où elle avait rejoint le groupe pour arriver à un accord.

En rentrant chez elle, elle comprend pourquoi ielles ont dû passer tant de temps au début à s'accorder sur leur mode de fonctionnement, ce qu'ils voulaient faire...

Dans cette histoire, tout le temps que Maëlle trouvait "perdu" ou "inutile" de préparation du projet de café associatif, est le temps qui leur a permis d'être efficace lorsqu'iels ont pu entrer dans dans la phase de concrétisation du projet...
De la même manière, le temps passé à s'accorder sur des manières de travailler ensemble, de communiquer, de prendre des décisions, de gérer un conflit... permet d'être mieux outillé lorsque une sitution potentiellement problématique se présente et de débloquer un conflit ou un problème beaucoup plus rapidement que si le sujet n'a jamais été abordé auparavant.

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