Au coeur des rythmes est une Production Ouverte Partagée (POP), initiée dans le cadre de la formation ANIMACOOP Montpellier automne 2024.

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Cet espace de créativité et de travail collaboratif s'adresse :
  • aux bénévoles, militants, activistes qui défendent une cause sociale ou politique, aux membres actifs d'un collectif, à ceux et celles qui portent des projets associatifs, mais aussi à celles et ceux dont les valeurs personnelles cohabitent avec le monde professionnel dans lequel iels évoluent comme le secteur de l'économie sociale et solidaire...
  • à celles et ceux qui se demandent si s'épuiser physiquement et mentalement pour faire avancer la cause qu'iels défendent, est une fatalité
Le point de départ c'est une question qui a rassemblée d'emblée, Estelle, Louna et Rebecca. A peine le sujet esquissé, sans aucune hésitation, on s'est retrouvées, on s'est comprises, on a été prises aux tripes avec une envie irrépressible et partagée d'initier ce travail.
Écoute ici nos motivations initiales, basées sur nos expériences, dans un audio de moins de 2 minutes. Et partage ton propre parcours et tes motivations concernant ce sujet. Volonté de s'appliquer dès le départ à nous même un fonctionnement qui accorde une place aussi importante à notre fonctionnement, à nos besoins et rythmes individuels qu'à la production elle même de l'outil.

La problématique?

On n'a pas su tout de suite l'expliciter. Il nous a fallu un certain temps pour réussir à la formuler simplement, de manière intelligible pour nous mêmes et pour les autres. Elle touche un sujet dont on débat peu dans nos milieux, dans nos collectifs, car on est souvent en proie à la culpabilité et au besoin d'appartenance au groupe.

On n'ose pas souvent parler de notre bien-être personnel, de nos besoins, de notre rythme individuel. On se dit que l'on va freiner la dynamique du groupe. On se dit que c'est égoiste par rapport aux causes que nous défendons, au projet collectif que nous portons, aux objectifs communs que nous nous assignons. On voit bien qu'il y a trop de travail par rapport à la quantité de personnes ou de temps disponibles pour le réaliser. On se sent dépasser par l'ampleur de notre rôle et la multiplicité des tâches à accomplir. On empiète sur nos temps personnels ou de repos. Et puis il y a un truc qui ne tourne pas rond, une contradiction insupportable entre les valeurs que l'on défend et la réalité du fonctionnement individuel et collectif que l'on mets en place pour les défendre. Alors il y a une perte de sens et de repères, des désaccords, des conflits ou non-dits qui s'installent.

Ces facteurs peuvent conduire à un épuisement psychologique et physique lié à l’intensité de l’engagement. Epuisement qui s'accentue souvent face à la pression constante de défendre des causes importantes sans toujours voir les résultats espérés. C'est le burn-out militant, phénomène ancien, récemment mis en lumière par des figures comme Anaïs Bourdet et par des travaux sociologiques soulignant l’importance de la santé mentale dans les engagements militants, notamment associés aux luttes sociales, féministes et politiques.

Comment
  • maintenir son engagement sur le long terme sans s’épuiser physiquement et mentalement?
  • s’épanouir personnellement, en contribuant à l’objectif commun dans une dynamique qui respecte et valorise les rythmes et besoins individuels?
  • allier rythme des individus et dynamiques de groupe pour un système sain?

L'outil au coeur des rythmes


Il s'agit de donner une vision globale de cette thématique avec une carte mentale . Puis de rassembler et de rendre accessible la documentation théorique, des témoignages, des récits, des retours d'expériences sous forme d'audio et des outils pratiques d'intelligence collective offrant des pistes pour traiter ce sujet complexe.
Malgré tous les outils il y a des choses qui vont nous résister, car c'est complexe, pas résolution magique.
Attention la question c'est l'équilibre.
On veut faire péter les dogmes de la société capitaliste (exemple valeur travail), mais si on ne donne pas tout dans cette cause on arrive pas à faire avancer la société, alors on se met dans des fonctionnement contraires aux valeurs que l'on défend. En lien avec aussi une société qui évolue.
Comment rendre compte de ce sujet complexe, sans le simplifier mais en le rendant accessible a différents types : conceptuel, technique, récits d'expériences.
Comment prendre soin de chacun et chacune dans nos projets collectifs ? Comment éviter dans nos fonctionnement coopératifs les écueils que l'on combat, individualisme, rapport de force et de pouvoirs, épuisement, surcharge mentale ? Comment faire en sorte que chacun.e se sente respecté dans sa singularité et son rythme ? Comment permettre à chacun.e de satisfaire ses besoins lorsqu'il contribue au projet collectif ?
Comment gérer la diversité des rythmes individuels au sein d’un groupe ? Comment soutenir le groupe par des processus inclusifs et flexibles ? Comment anticiper les tensions, les conflits interpersonnels plutôt que de les gérer ?
Comment adopter une méthodologie de projet qui prennent en compte la diversité des rythmes et des besoins des individus ? Comment la créativité peut-elle transformer les différences en une force pour le collectif ?

Notre problématique engage une réflexion à la croisée des champs de la psychologie, de la sociologie et des enjeux de l’action collective.

Système sain


Pour mieux comprendre ce que nous entendons par système sain, décrivons ici ce que nous évoque un système malsain, un système dysfonctionnel. C’est un système qui mettrait en péril non seulement le bien-être des ses membres, leur santé globale mais également la cohésion de groupe et la réussite même du projet. Celui qui générerait un climat psychologiquement insécurisant, épuisant. Celui qui écraserait l’individu et pousser à l'extrême qui interdirait les interactions, les échanges, le partage, la cohésion.

A partir de cette définition, il est plus facile d’appréhender ce que nous entendons par un système sain. C’est un système qui favorise l’épanouissement individuel et collectif, tout en permettant d’atteindre les objectifs partagés que l’on se fixe.

Notre problématique pose donc la question de l’équilibre entre les rythmes des individus et leurs besoins et les exigences collectives, deux facettes d’une même médaille qui bien que complémentaires, se retrouvent souvent en tension compromettant le bien-être et la santé globale des personnes et mettant en péril la cohésion du groupe.

Rythme des individus et besoins personnels


En psychologie, on considère que chaque individu a un rythme personnel qui est influencé par une combinaison de facteurs biologiques et physiologiques, cognitifs et émotionnels. Ce rythme définit la manière dont une personne répartit son énergie, ses temps de travail et ses besoins d’interaction ou de solitude. Ces rythmes sont également liés à des besoins explicites, tels que des délais ou des horaires, mais aussi à des besoins implicites, comme le besoin de reconnaissance, d'estime, d’appartenance, d’autonomie, de compétence. Ainsi si les besoins individuels sont parfois évidents et mesurables, ils sont également souvent inconscients et diffèrent d'une personne à l'autre.

Ces deux éléments, ryhtmes et besoins personnels sont interdépendants, car un alignement entre le rythme individuel et la satisfaction des besoins personnels favorise le bien-être, la motivation et l'efficacité.

Dynamiques de groupe

La dynamique de groupe en sociologie désigne les interactions, les processus et les comportements qui émergent lorsqu'un ensemble d'individus forme un groupe. Ces dynamiques façonnent les relations entre les membres et influencent le fonctionnement du groupe dans son ensemble. Plusieurs théories et concepts en sociologie explorent cette notion, notamment ceux liés à la cohésion sociale, les normes et la conformité, la gestion des conflits, la répartition des rôles, le leadership l’interdépendance… Dès lors une mauvaise gestion de ces facteurs conduit à des tensions et à des échecs collectifs.


• Où placer le curseur entre épanouissement personnel et responsabilité collective dans notre projet ?
• Quels sont les principes éthiques qui devraient guider la gestion des rythmes individuels et collectifs au sein de notre groupe ?
• Faut-il sacrifier certains rythmes individuels pour le bien-être collectif, ou bien l'équilibre peut-il être atteint autrement ?
• L’action collective peut-elle être pleinement éthique si elle ne prend pas en compte les besoins individuels des participants ?